Nouvel Élan et l’Union sacrée : une alliance stratégique revendiquée par Jérémie Yav

Alors que la rencontre entre Félix Tshisekedi et Adolphe Muzito continue de faire réagir sur la scène politique nationale, le président de la Fédération du Haut-Katanga du parti Nouvel Élan, Jérémie Yav Mbang, affirme avec force que cette nouvelle dynamique n’est ni un hasard ni une compromission. Pour lui, il s’agit d’un tournant stratégique « mûri avec lucidité » et d’un signal fort envoyé à ceux qui réclament une gouvernance centrée sur l’intérêt général.

Dans une interview accordée à Times.cd ce jeudi 3 juillet, Jérémie Yav souligne l’approche proactive de sa fédération : « Nous sommes de ceux qui n’attendent pas que le temps décide pour eux. […] À Lubumbashi, notre fédération l’a accueillie avec lucidité et engagement. » Cette position s’inscrit dans la ligne directe de son président national, Adolphe Muzito, qui s’est récemment déclaré ouvert à une participation au gouvernement. Une déclaration qui, selon Yav, confirme une orientation claire : « L’ouverture exprimée par le président Muzito traduit cette cohérence. Elle s’inscrit dans une dynamique stratégique, réfléchie et responsable de Nouvel Élan. »

Sur le plan programmatique, le parti affirme vouloir peser dans les réformes de fond. Parmi les chantiers prioritaires figurent l’élargissement du budget national à 30 milliards USD, la titrisation des terres, et un aménagement territorial basé sur le raccordement interprovincial. « Nous prônons une décentralisation effective, avec l’augmentation des rétrocessions aux provinces », déclare Jérémie Yav, qui voit dans ces mesures « un levier pour impliquer tout le peuple dans la défense nationale, aux côtés de l’État. »

Concernant les enjeux de sécurité, notamment à l’Est, Yav salue la posture diplomatique du président Tshisekedi : « Toute guerre se gagne soit par les armes, soit par la diplomatie. […] Préserver la vie de nos compatriotes reste la priorité. » Il se félicite également de la reconnaissance du Rwanda comme agresseur, estimant qu’il s’agit là d’un « pas important dans la quête de justice et de vérité ».

Interrogé sur les récentes coopérations avec les États-Unis, notamment dans le secteur minier, le leader du Haut-Katanga affirme que ces partenariats doivent s’inscrire dans une stratégie d’indépendance économique. « Les grandes questions de la République sont toujours débattues en profondeur au sein du Parti […]. C’est une question de responsabilité nationale et de souveraineté économique au bénéfice du peuple congolais. »

À ceux qui critiquent l’ouverture du Nouvel Élan à l’Union sacrée, Jérémie Yav répond sans détour : « Le vrai problème n’est pas la critique, mais l’absence d’une vision claire et responsable. […] Ce pays n’a plus besoin de populisme ou d’illusions, mais d’expertise et de sobriété politique. » Une manière de désamorcer les accusations de compromission tout en légitimant cette alliance.

Enfin, il insiste sur la dimension républicaine et participative de son parti : « La République est notre identité profonde, que nous ne trahirons jamais. […] Le Nouvel Élan ne se contente pas de slogans. C’est une organisation politique ancrée dans les réalités locales. » Une manière de revendiquer sa place dans un futur gouvernement d’union, sans renier son ancrage populaire.

Cedrick Katay Kalombo