UNILU – Gilbert Kushiba sous le feu des critiques : un jubilé terni par la crise
Alors que l’Université de Lubumbashi célèbre fièrement ses 70 ans d’existence, le recteur Gilbert Kushiba fait face à une fronde croissante au sein de la communauté universitaire. Accusé de dérives autoritaires et de gestion opaque, son leadership suscite de vives tensions, éclipsant les festivités prévues pour ce jubilé.
À son arrivée à la tête de l’UNILU, Gilbert Kushiba était présenté comme un technocrate ambitieux, capable de redresser l’institution. Mais six ans plus tard, les espoirs initiaux laissent place à une profonde désillusion. Sa gouvernance est critiquée pour son caractère centralisé et son manque de transparence, dans un contexte où les décisions se prennent sans consultation réelle des corps constitués.
L’aspect financier cristallise particulièrement les mécontentements. Des fonds destinés à la prime du personnel, pourtant débloqués depuis plusieurs mois, n’ont été que partiellement distribués, selon plusieurs sources. Le média Le Fédéral évoque des « circuits opaques » entre Kinshasa et l’administration locale, alimentant les soupçons de détournements ou de favoritisme.
Le syndicat des enseignants, longtemps pilier du contre-pouvoir à l’université, semble aujourd’hui désarmé. Affaibli par des querelles internes et soupçonné de compromission, il n’arrive plus à porter les revendications du personnel. Ce silence syndical alimente un climat de frustration et d’impunité, où les voix dissidentes sont souvent réduites au silence.
Dans ce contexte délétère, les célébrations du jubilé ressemblent davantage à une vitrine qu’à un véritable moment d’introspection académique. « Tout est fait pour donner l’illusion de normalité. Mais la réalité, c’est le découragement généralisé », confie un enseignant, qui a requis l’anonymat. Pour lui, l’université vit une crise morale profonde, masquée par les discours officiels.
Le malaise est d’autant plus frappant que l’UNILU a longtemps été un haut lieu de formation et de réflexion critique au Congo. Sa dégradation actuelle interpelle : comment cette institution emblématique a-t-elle pu sombrer aussi bas ? L’absence de réformes structurelles, la politisation des nominations et les jeux d’influence internes semblent avoir étouffé toute dynamique de redressement.
Si le jubilé devait être un moment de reconnaissance du passé, il révèle surtout l’urgence d’un changement de cap. Pour les observateurs, seul un sursaut collectif, doublé d’une volonté politique claire de réformes, permettra à l’Université de Lubumbashi de sortir de l’ornière. D’ici là, la figure de Gilbert Kushiba reste au centre d’un débat qui ne fait que commencer.
La rédaction