Agression rwandaise : l’ECC regrette les perturbations des négociations avec le M23 à Goma
Le révérend pasteur Éric Senga, porte-parole de l’Église du Christ au Congo (ECC), a exprimé ses regrets face aux perturbations des négociations visant à stopper l’avancée du M23 vers Bukavu. Lors de l’émission Dialogue entre Congolais sur Radio Okapi, vendredi 7 février, il a dénoncé les interférences de certains responsables politiques à Kinshasa, qu’il juge responsables de l’impasse actuelle.
« Le processus de Nairobi est obsolète »
Selon le révérend Senga, la situation sécuritaire sur le terrain a profondément évolué depuis le processus de Nairobi, rendant caduc ce cadre de dialogue. Il souligne que l’Alliance des Forces Congolaises (AFC) contrôle aujourd’hui deux grandes villes dotées d’aéroports internationaux, ainsi que plusieurs territoires stratégiques.
« Il ne faut pas se leurrer. Aujourd’hui, l’AFC occupe deux grandes villes avec des aéroports internationaux. Si vous comptez le nombre de territoires sous leur contrôle, c’est énorme. »
Des négociations entravées par des agitations politiques
L’ECC assure que son objectif en se rendant à Goma était de négocier un arrêt de l’avancée du M23 vers Bukavu. Cependant, selon le révérend, les prises de position de certains responsables politiques à Kinshasa ont compromis cette initiative.
« Quand nous insistons pour discuter avec le M23, ce n’est pas pour faire l’apologie de la rébellion ni pour critiquer le régime de Kinshasa. C’est parce que nous cherchions à stopper l’avancée vers Bukavu. Mais ce sont les agitations à Kinshasa qui ont mis le pavé dans la mare. »
Il ajoute que les réactions précipitées des autorités congolaises ont jeté le trouble dans les discussions en cours à Goma, créant un climat de méfiance.
« Nous étions à Goma, nous avons dit [au M23] : arrêtez votre progression, donnez une chance aux négociations. Mais si Bukavu devait tomber, ce serait en partie à cause de ces interférences qui, selon nous, n’étaient pas réfléchies. »
Un appel à des négociations sincères
Le révérend Éric Senga insiste sur la nécessité d’un dialogue de bonne foi avec le M23 pour éviter une escalade du conflit. Il déplore que les actions de certains responsables politiques aient compliqué leur rôle de médiateur, suscitant des interrogations au sein même des populations locales.
« On nous a mis en difficulté, car à Goma, les gens nous ont posé des questions : vous nous parlez comme des pères spirituels, mais vos autorités agissent différemment. »
Alors que la situation sécuritaire continue de se détériorer dans l’Est du pays, cet appel au dialogue relance le débat sur la stratégie du gouvernement face au M23 et la nécessité d’une approche concertée pour ramener la paix dans la région.
Cedrick Katay Kalombo