Choléra et précarité : les déplacés du Nord -Kivu face à un retour dramatique

Après des mois d’exil forcé, de nombreux déplacés de la région du Nord-Kivu tentent de regagner leurs villages d’origine. Mais ce retour tant espéré se heurte à une réalité cruelle : des infrastructures détruites, une insécurité persistante et une épidémie de choléra en plein essor. À Sake, une ville située à 26 kilomètres de Goma, la situation est particulièrement alarmante.

Un retour sous de mauvais auspices

Depuis la prise de Goma par le M23 fin janvier, les camps de déplacés de Bushagara et Kanyaruchinya connaissent un mouvement de retour massif, souvent dans des conditions déplorables. Ceux qui ont survécu aux combats et aux conditions de vie des camps se retrouvent confrontés à une réalité encore plus dure : des maisons réduites en cendres, des champs dévastés et des infrastructures sanitaires inexistantes.

Les habitants de ces villages, revenus dans l’espoir de retrouver un semblant de vie normale, se trouvent face à une situation désastreuse. « Les maisons sont détruites, les champs sont ravagés et les installations sanitaires des humanitaires ont été anéanties. Les populations consomment de l’eau non potable, ce qui fait exploser le nombre de malades », témoigne Munguiko, ancien responsable du site des déplacés de Mugunga-Lwashi.

L’épidémie de choléra frappe fort

Le choléra, maladie transmise par l’eau insalubre, s’est rapidement propagé dans la région. À Sake, le nombre de cas a explosé, avec plus de 270 personnes actuellement atteintes de diarrhées aiguës et de vomissements. « Nous avons un centre de santé qui lutte pour faire face à l’afflux de patients. Avant, nous recevions une trentaine de patients par jour, aujourd’hui nous sommes à 150 », explique Dunia Mwendakwabo Clover, infirmier titulaire au centre de santé de Sake.

Sans l’appui de Médecins Sans Frontières (MSF), la situation serait encore plus catastrophique. Mais les difficultés logistiques, notamment la fermeture de l’aéroport et l’isolement de la région, compliquent l’acheminement de l’aide humanitaire, notamment des médicaments. MSF appelle à la mise en place d’un corridor humanitaire pour permettre l’approvisionnement en médicaments et pour garantir l’accès à l’eau potable.

Un retour forcé et risqué

Alors que les conditions de vie sont déjà insoutenables, la situation est encore aggravée par l’insécurité persistante. Les villages des déplacés sont souvent loin d’être sûrs, exposant ainsi les retours à de nouveaux dangers. L’ONG Human Rights Watch (HRW) a d’ailleurs dénoncé ces retours précipités, jugés forcés par certains observateurs. L’AFC/M23, qui refuse la présence de camps de déplacés à Goma, semble imposer cette situation dans un contexte de pression militaire.

Les témoignages des déplacés, eux, témoignent d’une profonde détresse. « J’ai tout perdu, ma maison a été détruite, je pensais retrouver un toit, mais il ne reste rien. Je suis obligé de vivre dans un camp de fortune », confie un homme de retour à Sake.

La nécessité d’une réponse rapide

Face à cette situation dramatique, l’urgence d’une réponse humanitaire est plus grande que jamais. La région du Nord-Kivu, déjà durement frappée par des années de conflits armés, est aujourd’hui confrontée à une crise humanitaire sans précédent. Outre la prise en charge des malades du choléra, il est impératif d’assurer l’accès à l’eau potable, à la nourriture et à un minimum de sécurité pour ces populations vulnérables. Une mobilisation internationale est essentielle pour éviter une catastrophe à l’échelle de la région.

La rédaction

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