Affaire Bukanga-Lonzo connaîtra-t-elle réellement un verdict, un jour ?
Le dossier du projet agro-industriel de Bukanga-Lonzo, emblématique des détournements présumés de fonds publics en RDC, semble s’enliser dans les méandres judiciaires. L’audience prévue ce lundi 3 mars 2025 devant la Cour constitutionnelle a une nouvelle fois été reportée, cette fois au 14 avril, faute de la présence des principaux accusés. Un énième renvoi qui suscite interrogations et frustrations.
Un procès à répétition
Depuis l’ouverture de l’affaire en 2021, le procès est marqué par des reports successifs, alimentant la suspicion d’un blocage organisé. Matata Ponyo, ancien Premier ministre, Deogratias Mutombo, ex-gouverneur de la Banque centrale, et Kristo Grobler, homme d’affaires sud-africain, sont les principaux mis en cause dans le détournement présumé de 205 millions USD. Pourtant, ils n’étaient pas présents à l’audience de ce lundi.
Leurs avocats invoquent divers motifs : absence de notification officielle, raisons de santé ou obligations à l’étranger. Des arguments qui, bien que juridiquement valables, renforcent le scepticisme sur la volonté réelle de voir ce procès aboutir.
Une justice en quête de crédibilité
L’affaire Bukanga-Lonzo est devenue un véritable test pour la justice congolaise. Initialement, la Cour constitutionnelle s’était déclarée incompétente pour juger un ancien Premier ministre, avant de revenir sur sa position en 2023. Depuis, le dossier piétine, laissant planer le doute sur la capacité des institutions à traiter les grands dossiers de corruption avec rigueur et indépendance.
Face à cette situation, le président de la Cour, Dieudonné Kamuleta, a prévenu que ce report serait le dernier. De son côté, le procureur général met en garde contre une tentative de contrôle du calendrier judiciaire par les prévenus eux-mêmes. Mais ces déclarations suffiront-elles à garantir une réelle avancée du dossier en avril ?
Une lutte contre l’impunité mise à l’épreuve
La lenteur de ce procès pose la question de l’efficacité de la lutte contre l’impunité en RDC. Alors que le président Félix Tshisekedi a fait de la lutte contre la corruption un axe majeur de sa gouvernance, le dossier Bukanga-Lonzo met en lumière les obstacles persistants. Un nouveau report en avril risquerait d’être perçu comme un échec de l’appareil judiciaire face aux intérêts politiques et financiers en jeu.
L’opinion publique, déjà exaspérée par les lenteurs judiciaires, attend des actes concrets. Ce procès marquera-t-il enfin un tournant ou restera-t-il l’exemple d’une justice incapable de s’imposer face aux puissants ? Réponse le 14 avril.
Par Cedrick Katay Kalombo