Situation sécuritaire dans l’Est de la RDC : l’annulation du programme d’expulsion des migrants, Kigali exige 50 millions de sterling à Londres
Le Rwanda a exigé du Royaume-Uni la somme de 50 millions de livres sterling pour l’annulation du controversé programme d’expulsion des migrants vers Kigali. Bien que le programme n’ait jamais été mis en œuvre et qu’aucun migrant n’ait été effectivement renvoyé au Rwanda, cette demande a révélé une stratégie de la part du gouvernement rwandais pour capitaliser sur l’accord échoué avec Londres.
Le projet, annoncé sous le gouvernement conservateur britannique, avait déjà suscité de nombreuses inquiétudes en raison de son instabilité juridique et politique. Toutefois, Kigali a accepté des compensations financières importantes : près de 290 millions de livres pour le développement économique et 280 millions pour des infrastructures et des frais administratifs. Pourtant, l’accord n’a pas donné lieu à un quelconque transfert significatif de migrants, à l’exception de quelques individus ayant accepté de manière volontaire.
Le fait que le Rwanda réclame des compensations supplémentaires, malgré l’inefficacité totale du programme, soulève des questions sur la sincérité de ses intentions dès le départ. Bien que l’accord ait été perçu comme politiquement risqué, le Rwanda a continué à encaisser des fonds sans assumer de responsabilité concrète dans la mise en œuvre du programme, invoquant des clauses avantageuses inscrites dans l’accord.
Cette situation met en lumière une pratique récurrente du Rwanda, qui semble utiliser ses relations internationales pour obtenir des fonds sans fournir de contrepartie tangible. En exigeant désormais des compensations supplémentaires, Kigali semble chercher à tirer profit d’un programme mort-né, illustrant une dynamique où les négociations ne bénéficient qu’au Rwanda sans aucune responsabilité assumée.
Le Royaume-Uni, après avoir déboursé des millions pour un programme dont les résultats sont quasi inexistants, se retrouve dans une position délicate. Cela met en évidence les défis liés à l’exploitation des crises migratoires dans un contexte géopolitique complexe, où certains acteurs n’hésitent pas à faire preuve d’opportunisme.
Cedrick Katay Kalombo