Réservoir de minerais à puissance industrielle : le choix historique de la RDC, Tribune de l’Expert Senior Alain Lubamba wa Lubamba

Dans l’économie mondiale contemporaine, la richesse ne repose plus uniquement sur la possession des ressources naturelles, mais sur la capacité des nations à les transformer, à les intégrer dans des chaînes de valeur maîtrisées et à en faire des leviers stratégiques de puissance. À cet égard, la République Démocratique du Congo se trouve à un tournant historique : rester un simple fournisseur de minerais bruts ou devenir un acteur industriel incontournable.

Pour Alain LUBAMBA wa LUBAMBA
Expert Senior en Développement des Performances des Politiques Publiques,
une économie dépendante de l’exportation brute des ressources demeure vulnérable aux fluctuations des marchés et à la prédation économique. Malgré un potentiel minier exceptionnel, la RDC reste prisonnière d’un modèle extractif hérité du passé, où l’essentiel de la valeur ajoutée est captée à l’extérieur. Bâtir une économie productive et souveraine implique désormais la maîtrise des maillons clés : extraction responsable, transformation locale, énergie fiable, logistique performante et industrie compétitive.

Dans cette perspective, la connectivité économique du pays constitue un enjeu central. Les corridors logistiques reliant l’Est, le Sud et l’Ouest de la RDC aux océans Indien et Atlantique, notamment le corridor de Lobito, les axes Matadi–Kinshasa, Kasumbalesa–Lubumbashi et les connexions vers l’Afrique de l’Est, positionnent le pays comme un hub naturel au cœur du continent. Leur sécurisation et leur modernisation traduisent un choix stratégique : réduire les coûts, dynamiser l’intégration régionale et renforcer l’attractivité industrielle.

S’agissant particulièrement du projet du corridor de Lobito, il apparaît indispensable que le gouvernement congolais sollicite de manière claire et structurée auprès des États-Unis un appui financier et technique destiné à la réalisation des études approfondies, à la viabilisation complète de ce corridor et à la mise en place d’infrastructures logistiques modernes. Un tel soutien contribuerait non seulement à accélérer la mise en œuvre opérationnelle du projet, mais aussi à garantir sa durabilité, son efficacité économique et sa contribution directe à l’industrialisation du pays.

Contrairement à certaines perceptions, la RDC ne part pas de zéro. Le Plan Directeur d’Industrialisation élaboré en 2022 ainsi que le Plan National Stratégique de Développement (PNSD), actualisé en 2024 et adopté officiellement comme politique gouvernementale au Conseil des ministres le 6 décembre 2024 sous l’impulsion du Président Félix-Antoine Tshisekedi, définissent déjà des priorités claires : transformation minière et métallurgique, agro-industrie, énergie, matériaux de construction et industries de base. L’enjeu n’est plus la vision mais son exécution : développement de zones économiques spéciales fonctionnelles, énergie compétitive, partenariats industriels orientés vers le transfert de technologies et montée en compétences du capital humain.

La diplomatie conduite par le Chef de l’État s’inscrit dans cette logique. Elle repose sur des principes structurants de diplomatie économique contemporaine : la géo-économie, qui fait de l’économie un instrument central de puissance ; l’interdépendance bénéfique, selon laquelle les partenariats structurants stabilisent les relations et renforcent la position d’un État ; la sécurité par le développement, qui lie paix, investissements et stabilité ; et la construction d’une autonomie stratégique, visant à rendre la RDC incontournable dans les chaînes de valeur mondiales liées à la transition énergétique et industrielle. La paix et la stabilité deviennent ainsi des conditions économiques tout autant que sécuritaires.

Les expériences internationales, de l’Arabie Saoudite et du Koweït à l’Allemagne d’après-guerre, démontrent que des alliances stratégiques intelligemment construites, notamment avec les États-Unis d’Amérique, peuvent accélérer l’industrialisation lorsqu’elles s’appuient sur une vision nationale forte. Les accords RDC–USA axés sur les minerais stratégiques, la transition énergétique, les infrastructures et l’industrialisation locale s’inscrivent dans cette dynamique. Ils constituent une opportunité pour la RDC de se positionner non comme un simple réservoir de ressources, mais comme un acteur stratégique de l’économie mondiale.

Avec ses réserves uniques de cobalt, de cuivre, Coltan et de lithium, son potentiel hydroélectrique exceptionnel et sa position géographique centrale, la RDC dispose d’atouts rares à l’heure où le monde s’engage dans la transition énergétique et numérique. Devenir indispensable suppose toutefois discipline industrielle, gouvernance rigoureuse, diplomatie économique proactive et climat des affaires attractif.

L’enjeu n’est plus de savoir si la RDC possède les ressources nécessaires, mais si elle est prête à les transformer en instruments de souveraineté et de puissance économique. Rester un réservoir de minerais, c’est subir l’histoire. Devenir une nation industrialisée, c’est l’écrire.
La fenêtre d’opportunité est ouverte. Il appartient désormais aux Congolais : dirigeants, aux institutions, acteurs politiques, opérateurs économiques, leaders d’opinion,.. bref à la Nation congolaise de la saisir pleinement conclu Alain LUBAMBA wa LUBAMBA Expert Senior en Développement des Performances des Politiques Publiques.

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