Nord- Kivu: la gestion des dépouilles, un défi humanitaire au centre de santé d’Eringeti face aux violences des ADF
Eringeti, un centre stratégique de la zone de santé d’Oicha, dans le territoire de Beni, fait face à une problématique humanitaire alarmante. Alors que les incursions des rebelles ADF se multiplient, les infrastructures sanitaires locales se révèlent insuffisantes pour répondre aux besoins d’urgence. Parmi les défis majeurs figure l’absence d’une morgue moderne, rendant la gestion des corps des victimes extrêmement complexe.
Un manque d’infrastructures mortuaires criant
Le centre de santé de référence d’Eringeti ne dispose actuellement que d’une simple salle des morts, capable d’accueillir au maximum quatre corps. Un chiffre dérisoire au regard de la recrudescence des attaques meurtrières qui frappent cette région frontalière avec l’Ituri.
Jonas Mutseke, infirmier responsable de l’établissement, tire la sonnette d’alarme :
> « Lors des attaques, nous recevons plusieurs corps et nous sommes contraints de gérer des situations dramatiques, faute de capacité suffisante pour leur conservation. L’absence d’une morgue moderne complique la dignité des victimes et met la population en difficulté. »
Des transferts risqués vers Oicha
Face à cette situation, les corps sont souvent transférés à Oicha, situé à 30 kilomètres d’Eringeti, un trajet rendu périlleux par l’omniprésence des groupes armés sur cet axe. Les convois funéraires eux-mêmes deviennent des cibles potentielles, augmentant les risques pour les familles endeuillées et le personnel médical.
> « Nous craignons à chaque fois qu’un convoi soit pris dans une embuscade. Ce sont des situations qui ne devraient pas arriver si nous disposions d’une infrastructure adaptée », poursuit Jonas Mutseke.
Un appel pressant aux autorités
Si la gratuité des soins en maternité instaurée par le gouvernement est saluée par les professionnels de santé d’Eringeti, l’urgence d’une morgue moderne reste une priorité absolue. Les autorités, notamment les élus et le gouvernement congolais, sont appelées à prendre des mesures immédiates pour renforcer les capacités du centre de santé face à l’ampleur des violences.
Dans un contexte où la population vit sous la menace permanente des attaques rebelles, la mise en place d’une morgue moderne à Eringeti ne relèverait pas seulement d’un impératif sanitaire, mais aussi d’une nécessité humanitaire et sécuritaire.
Alors que les habitants d’Eringeti continuent de vivre dans l’angoisse, l’inaction des autorités pourrait aggraver une situation déjà critique. L’appel lancé depuis cette localité ne saurait rester sans réponse.
La rédaction