Jean-Marc Kabund dénonce une dérive autoritaire en RDC et met et met en garde contre un< coup d'État constitutionnel>
Tout juste libéré le 21 février 2025, après plusieurs mois d’incarcération, Jean-Marc Kabund, ancien vice président de l’Assemblée nationale et ancien président intérimaire de l’UDPS et opposant au régime actuel, a brisé le silence dans une interview accordée à Jeune Afrique. Il y dénonce une justice aux ordres, une gouvernance chaotique et un projet de révision constitutionnelle qui, selon lui, menace l’avenir démocratique du pays.
« Une libération qui ne répare pas l’injustice »
Revenant sur son arrestation et sa détention, Kabund affirme avoir été victime d’une manœuvre politique destinée à le réduire au silence. « J’avais refusé toute collaboration avec une justice aux ordres. Mon message aux autorités fut clair : « Vous m’avez illégalement enfermé, vous me libérerez sans conditions. » Cette libération ne répare pas l’injustice : elle la révèle », a-t-il déclaré.
L’ancien bras droit de Félix Tshisekedi estime que son emprisonnement illustre le recul des libertés en République démocratique du Congo, où l’opposition est, selon lui, muselée par des méthodes autoritaires.
Un pays en crise : insécurité, pauvreté et autoritarisme
Jean-Marc Kabund dresse un tableau sombre de la situation nationale. « Le pays sombre dans la violence, avec l’Est en proie à la guerre, l’appauvrissement qui touche 80 % de la population sous le seuil de pauvreté et l’autoritarisme », déplore-t-il.
Selon lui, ces crises ne sont pas le fruit du hasard, mais la conséquence directe d’une gestion « clientéliste » et du « mépris total pour l’État de droit ». Il fustige notamment une classe dirigeante qui, selon lui, privilégie ses intérêts personnels au détriment du bien-être collectif.
Une révision constitutionnelle controversée
Alors que des rumeurs persistantes évoquent une possible modification de la Constitution pour permettre à Félix Tshisekedi de briguer un troisième mandat, Kabund met en garde contre ce qu’il qualifie de « coup d’État constitutionnel ».
« Une révision constitutionnelle ponctuelle pourrait être légitime si elle répondait à l’intérêt général. En revanche, la manœuvre visant à modifier la loi fondamentale pour permettre un troisième mandat, voire plus, relève d’un coup d’État constitutionnel », affirme-t-il.
L’ancien cadre de l’UDPS rappelle que cette démarche va à l’encontre des principes défendus par le feu Étienne Tshisekedi et constitue une insulte à la mémoire des martyrs de la démocratie.
Un risque d’aggravation des tensions
Pour Kabund, cette tentative de réforme constitutionnelle est un facteur de déstabilisation supplémentaire pour un pays déjà en proie aux conflits. « Elle aggrave les fractures sociales et sécuritaires, comme en témoignent les discours belliqueux de ses promoteurs », avertit-il.
L’opposant n’hésite pas à comparer la situation actuelle à celle ayant précédé d’autres crises politiques majeures en RDC. Selon lui, la volonté de s’accrocher au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels pourrait mener le pays à un point de rupture.
Quelle suite pour Kabund ?
Après sa libération, Jean-Marc Kabund entend rester actif sur la scène politique et poursuivre son combat pour l’alternance démocratique. S’il n’a pas encore précisé ses prochaines actions, son discours laisse entrevoir une opposition frontale à la majorité en place.
Cedrick Katay Kalombo