Lubumbashi: un défi de proprété qui devient un enjeu de santé publique
Autrefois modèle de propreté, Lubumbashi, la capitale cuprifère de la République démocratique du Congo, se transforme progressivement en un centre urbain où l’insalubrité a pris le dessus. Aujourd’hui, c’est une réalité qui choque, mais surtout qui interroge : comment une ville qui brillait par sa propreté en est-elle arrivée là ?
L’invasion des déchets : Un spectacle quotidien
Dans plusieurs quartiers de la ville, notamment dans les grandes artères, les bacs à ordures débordent, témoignant d’une gestion des déchets en déclin. Ces lieux, autrefois soignés, sont désormais envahis par une accumulation de déchets de toutes sortes, visibles et nauséabonds. À l’avenue des Usines, près du marché Mzee, des tas d’immondices jonchent le sol, dégageant des odeurs insupportables et attirant des nuées de mouches et autres insectes. C’est un spectacle quotidien qui est devenu la norme plutôt que l’exception.
Les marchés pirates : Un risque sanitaire majeur
Le centre-ville de Lubumbashi, qui devrait être un modèle de dynamisme économique et d’ordre, est devenu le théâtre de marchés pirates. Des produits alimentaires, tels que des fruits et légumes, sont souvent exposés à même le sol, en contact direct avec des déchets et des flaques d’eaux usées. Un paradoxe inquiétant lorsque l’on sait que la santé publique est en jeu. De nombreux Lushois continuent de faire leurs courses dans ces conditions précaires, parfois sans tenir compte des risques sanitaires.
La mentalité : Un frein à l’assainissement
Mais au-delà des infrastructures, c’est un véritable problème de mentalité qui freine le changement. À l’arrêt de bus Kassapa, un exemple frappant montre l’ampleur de ce phénomène. Un chauffeur de taxi-bus, après avoir jeté une bouteille vide sur la chaussée, répond avec indifférence lorsqu’il est interpellé : « C’est toi qui veux changer ce pays aujourd’hui ? » Ce manque de civisme et d’engagement collectif face à l’enjeu de l’assainissement est un défi majeur pour la ville.
Les toilettes publiques : Une solution sous-exploitée
Lubumbashi dispose pourtant de toilettes publiques, mais ces infrastructures restent largement sous-utilisées. Nombreux sont ceux qui préfèrent satisfaire leurs besoins à ciel ouvert, dans les espaces publics. Parfois, des déchets humains sont même jetés dans des bouteilles en plastique, augmentant ainsi l’insalubrité des lieux. Cette attitude, loin d’être isolée, fait partie d’un comportement de négligence qui se propage et qui reste profondément ancré dans certaines mentalités locales.
Les intempéries : Un facteur aggravant
La saison des pluies, qui dure plusieurs mois, complique encore la situation. Les caniveaux, souvent bouchés par des déchets et des emballages plastiques, entraînent des inondations sur les principales artères de la ville. Cette stagnation d’eau, en plus de constituer un véritable danger pour les piétons, favorise la prolifération des maladies hydriques, notamment la malaria et la choléra.
Une prise de conscience nécessaire
Les autorités locales ont beau multiplier les initiatives, la volonté des dirigeants seule ne suffit pas. Il faut un changement radical des mentalités, une prise de conscience collective sur l’importance de l’hygiène et du respect de l’environnement. L’assainissement n’est pas une option, mais une nécessité pour garantir la santé publique et préserver le cadre de vie des Lushois.
Lubumbashi doit retrouver sa beauté d’antan, celle qui a fait sa renommée, mais cela ne sera possible que si chaque citoyen, des plus jeunes aux plus âgés, s’engage pour un environnement plus propre et plus sain. En fin de compte, c’est l’ensemble de la société qui devra se réapproprier les valeurs de propreté et d’hygiène pour restaurer la grandeur de cette ville.
Kash