RDC: le devoir patriotique du journaliste congolais en temps de guerre

ÉDITORIAL DE JEAN-BAPTISTE KABEYA

MBM, 29/01/2025

Lorsqu’une nation est confrontée à l’agression, le rôle du journaliste devient plus que celui d’un simple relai d’informations.
En République Démocratique du Congo, face aux rebelles du M23 soutenus par des forces occultes, la mission journalistique s’élève à un impératif patriotique.

La mission du journaliste dans ce contexte transcende les frontières de la simple neutralité.
En effet, le devoir du patriote qu’il est avant d’être journaliste, devient non seulement éthique, mais obligatoire.
C’est-à-dire que « Neutralité et objectivité se heurtent à une réalité où l’éthique nationale doit primer sur l’impartialité »
Via cette plume, nous nous rappelons certaines notions parfois oubliées au regard des agitations actuelles en RDC.

Cet éditorial comporte 4 points, outre l’introduction et la conclusion.
Je vous prie de le lire entièrement et surtout de le partager partout où vous en avez l’opportunité.

1. L’INTÉGRITÉ AVANT TOUT

Les journalistes, comme l’explique Pierre Bourdieu, modèlent le « champ social ».
Dans ce contexte de guerre, leur parole peut unir ou diviser. Or, relayer des informations, même vraies, qui servent l’ennemi, s’apparente à une trahison. L’intégrité nationale, non négociable, place les médias au cœur du combat. En période de conflit, chaque mot devient une arme, et le discours un champ de bataille. Le journaliste doit ainsi se poser la question importante : à qui profite l’information ?
C’est ici que je pense nous rappeler cette notion que j’avais apprise dans le cours de l’éthique Journalistique, en troisième année de communication appliquée à l’université officielle de Mbujimayi axée sur les trois tamis de Socrate.
En effet, ces trois tamis sont une méthode simple pour une personne, un journaliste d’évaluer l’utilité et la valeur de ce qu’on souhaite dire :

A) Le premier tamis est celui de la vérité : Avant de parler, il faut se demander si ce que l’on va dire est vrai. Si ce n’est pas vérifiable ou basé sur des faits, il vaut mieux se taire.

B) Le deuxième tamis est celui de la bonté : Même si ce que l’on veut dire est vrai, est-ce quelque chose de bienveillant ou positif ? Si c’est méchant ou nuisible, mieux vaut ne pas le dire.

C) Enfin le troisième tamis est celui de l’utilité : Il faut se demander si ce qu’on souhaite dire est utile. Si cela n’apporte rien de constructif, il n’est pas nécessaire de le dire.

Ces trois tamis permettent de filtrer nos paroles pour éviter les ragots, la médisance ou les propos inutiles.

2. LE PIÈGE DE L’INFOLÂTRIE

Michel Foucault nous enseigne que le pouvoir se déploie à travers les mots. Diffuser des avancées ennemies sans discernement, c’est faire écho à leur propagande. L’infolâtrie, cet engouement aveugle pour l’information brute, est un piège. Les journalistes congolais doivent comprendre que tout ne mérite pas d’être rapporté, surtout quand cela alimente les intérêts extérieurs. Comme le disait le panafricaniste Patrice Lumumba : « L’histoire du Congo sera écrite par nous-mêmes et non par d’autres personnes ».

3. LE JOURNALISME, INSTRUMENT DE RÉSILIENCE

David Harvey souligne que les guerres de l’information prolongent les conflits géopolitiques. Les journalistes doivent alors se positionner en architectes de la résilience nationale. Dans cette guerre, nos militaires, les vaillants Wazalendo, se battent avec acharnement pour défendre notre territoire.
Pourtant, ces prouesses sont souvent ignorées par les médias étrangers, alignés sur des intérêts de ceux qui exploitent nos ressources.
Il est donc impératif que les journalistes congolais recadrent même leurs lignes éditoriales pour soutenir nos héros au front.

4. VÉRITÉ ET ÉTHIQUE NATIONALE

Tout propos diffusé par un journaliste en temps de guerre doit être filtré à travers le prisme de l’intérêt national. Rapporter les faits sans discernement, c’est offrir une victoire morale à l’ennemi. Cela pousse à réfléchir : est-ce que les journalistes français, belges ou américains relaient les victoires de leurs adversaires ? Nous journalistes, devons faire preuve d’un patriotisme éclairé. Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, l’a bien rappelé dans une vidéo devenue virale sur la toile : « C’est une question de souveraineté nationale, ailleurs tu décourages l’armée, on te tue. » Relayer des vérités qui affaiblissent la nation, même avec les meilleures intentions, s’apparente à une trahison.

5. CONCLUSIONS PATRIOTIQUES

En définitive, le patriotisme n’est pas antithétique à l’éthique journalistique ; il en est la clé en temps de guerre.
La vérité ne doit pas seulement venir des médias étrangers ; elle doit être notre vérité, celle qui renforce l’unité et la souveraineté nationale.
Il est de notre devoir, en tant que journalistes congolais, de préserver l’intégrité de la patrie par des mots soigneusement pesés. Comme le disait Kwame Nkrumah : « Nous devons prouver que l’Afrique peut faire confiance à elle-même. »
Le Congo mérite des journalistes qui défendent sa cause, avec détermination et courage dans cette période particulière de son histoire.

Jean-Baptiste KABEYA Kayemba
Journaliste basé à Mbujimayi et étudiant en Master 1, à l’Université Officielle de Mbujimayi.
+243 85 828 67 80
wayakondolocontact@gmail.com

You May Also Like

Lubumbashi: l’état des routes see dégrade en cette saison pluvieuse

Kinshasa: tirs à l’aérodrome de Ndolo,la situation est sous contrôle

situation sécuritaire : la demande de sang triple au centre de transfusion sanguine à Goma

Kinshasa : les caniveaux de l’Avenue Bompete, malgré les efforts de modernisation

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *