Le ministre congolais de la Communication, Patrick Muyaya, a tenu une conférence de presse cruciale ce jeudi 09 janvier 2025 à Kinshasa avec des représentants des médias afin de discuter de la manière de relayer les informations concernant la guerre qui sévit dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). L’objectif principal était de sensibiliser les professionnels des médias à leur rôle dans la gestion de la communication sur ce conflit complexe.

Le ministre a débuté son allocution en rappelant l’importance de maintenir une vigilance médiatique constante. « Nous sommes tous appelés à travailler pour être sûrs que les efforts de notre armée et de notre gouvernement aboutissent à des résultats », a-t-il déclaré. Patrick Muyaya a fait référence à la campagne « Bendele Ekweya Te », lancée pour mobiliser l’opinion publique, et a insisté sur la nécessité de raviver cette attention, en particulier après le changement à la tête de l’armée. Un rendez-vous avec les nouveaux chefs d’état-major de l’armée est d’ailleurs prévu dans les prochains jours pour coordonner les efforts de communication et d’amélioration des stratégies militaires.

Le ministre a aussi évoqué les difficultés liées à la guerre, soulignant que dans un tel contexte, la situation peut être mouvante. Il a rappelé des événements récents, notamment la prise de Masisi par les groupes armés, pour illustrer les défis auxquels la RDC fait face. « Il est important de reconnaître que, même en guerre, nous pouvons perdre certaines batailles, mais cela ne signifie pas que nous avons quelque chose à cacher », a précisé le ministre.

Toutefois, Patrick Muyaya a exprimé ses préoccupations concernant la couverture médiatique, notamment les commentaires de certains analystes qui abordent les questions militaires « avec légèreté ». Il a dénoncé la manière dont certains sujets liés à la guerre sont parfois traités sans la gravité qu’ils méritent. Il a pris exemple sur la situation au Rwanda, où la couverture médiatique de la guerre est étroitement contrôlée. « Nous sommes dans un contexte démocratique, avec des médias pluralistes, mais nous devons toujours veiller à notre responsabilité professionnelle », a-t-il souligné.

L’appel à la responsabilité s’est également étendu aux réseaux sociaux, qui jouent un rôle majeur dans la diffusion de l’information. Le ministre a insisté sur l’importance de ne pas céder à l’extrémisme et a souligné que les journalistes et commentateurs doivent faire preuve de rigueur et d’éthique lorsqu’ils relaient des informations sur la guerre.

En réponse à certaines critiques extérieures, le ministre a mis en lumière les défis diplomatiques que rencontre la RDC, notamment face à l’agression rwandaise. Il a évoqué les tensions croissantes dans la région, avec des sanctions économiques et une pression diplomatique accrue. « La guerre, ici, n’est pas seulement menée sur le terrain militaire, mais aussi sur le front diplomatique », a-t-il ajouté.

Enfin, Patrick Muyaya a rappelé que le patriotisme doit primer, malgré les désaccords politiques internes. « Nous pouvons être en désaccord avec le gouvernement ou le président, mais il est essentiel que nous fassions preuve de responsabilité et de solidarité nationale », a-t-il conclu.

Le ministre a aussi évoqué la récente déclaration du ministre Mutamba, qui a suggéré des mesures sévères contre les journalistes qui soutiennent l’agression rwandaise en RDC, allant jusqu’à mentionner la peine de mort. Cette déclaration a suscité un large débat sur la liberté de la presse dans le pays.

Alors que les tensions continuent de croître dans l’Est de la RDC, le ministre de la Communication a appelé à un soutien renforcé des médias pour éviter toute fragilisation de l’unité nationale, tout en veillant à ce que l’information soit relayée de manière juste et équilibrée.

Patrick Muyaya a conclu en affirmant que la montée en puissance des forces armées congolaises a mis Kagame, le président du Rwanda, dans une position d’inquiétude, soulignant ainsi l’importance de la mobilisation interne pour contrer cette agression.

La situation en RDC reste tendue, et l’appel du ministre à une couverture responsable et informée des événements s’inscrit dans un contexte où chaque mot peut avoir un impact considérable sur l’évolution du conflit et des relations internationales.

la rédaction