Le pays est en berne, le Patriarche Léon Mamboleo s’en va à l’âge de 87 ans
Il est l’un de dernier des Mohicans. Le Patriarche Léon Mamboleo remercie son boulanger ce samedi 27 juillet à Kinshasa, apprend-on par source orthodoxe.
Un cacique transgénérationnel du Congo- Belge, République du Congo, le Zaïre de Mobutu et à la République Démocratique du Congo. Un intellectuel de haute fracture. Un artisan de notre histoire. Il a été éphémèrement le président du bureau d’âge au Sénat sous les premières heures du régime Félix Tshisekedi.
Retour sur le parcours florissant de Léon Mamboleo
Notable Lega, Léon Mamboleo faisait partie des tout premiers intellectuels congolais formés en Droit par l’Université Lovanium de Léopoldville, de 1960 à 1963 (ensemble avec Etienne Tshisekedi, Dede Alexis, Dipumba Barthélémy, Kabeya Joseph Alidor et Tshibangu Crispin). Sont aussi de leur promotion : Betty Hubert (Camerounais) et Gakwaya Faustin (Rwandais).
Chevronné de la politique Congolaise, Maître Léon Mamboleo fut ministre de la Justice du Gouvernement de Tshombé (en 1964), membre du Comité Central et du Bureau politique du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) dans les années 80, puis Sénateur (et Président du Bureau d’âge du Sénat de la RD Congo), de 2019 à 2022.
C’est en décembre 1936 que Léon Mamboleo voit le jour à Kagozi (collectivité de Wamuzimu, en territoire de Mwenga). Après ses études primaires à Kamituga, il fait ses études secondaires au Petit séminaire de Mungombe, avant de passer son Jury Central à Léopoldville, ce qui lui ouvrira les portes de l’Université Lovanium qu’il quittera avec un diplôme de licence en Droit (avant l’introduction du doctorat à thèse, les licenciés en Droit sont appelés, ces années-là, Docteurs… comme c’est le cas avec Etienne Tshisekedi, qui fut de sa promotion).
La carrière professionnelle de Maître Léon Mamboleo commence en 1964 lorsqu’il est nommé Conseiller juridique et Directeur du Département Etudes et Documentation à la Chambre des Représentants du Parlement congolais. La même année, il fait partie du Secrétariat technique chargé d’élaborer la « Constitution de Luluabourg » (la première Constitution de l’après indépendance). Il sera, par la suite, avocat près la Cour d’Appel de Léopoldville (depuis 1965), Avocat près le Tribunal de Grande Instance de Bukavu (depuis 1971), Avocat près la Cour d’Appel de Kisangani, Avocat près la Cour d’Appel de Bukavu et plusieurs fois Doyen du Conseil de l’Ordre. Jusqu’en 1994 (avant la prise du pouvoir au Rwanda par le FPR), il était avocat détenteur d’une autorisation du Gouvernement du Rwanda pour plaider devant les juridictions de ce pays.
Son engagement politique date de 1964. Il est alors un des responsables du « Parti Démocratique Africain » (PDA). La même année, il intègre le Gouvernement de Tshombé en tant que Ministre de la Justice et Garde des Sceaux et des Affaires Sociales du gouvernement de Salut Public dirigé par Moise Tshombé de 1964-1965. En sa qualité de Ministre de la Justice, il a été cosignataire, pour sa promulgation, de la Constitution de Luluabourg. En 1965, il intègre un nouveau parti politique : l’Alliance des Socialistes Chrétiens Congolais (ASCCO) et parvient à se faire élire député national pour la circonscription électorale du Kivu. Il intègre par la suite le Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) jusqu’a y être hissé comme membre du Comité Central et du Bureau politique.
Lors de la démocratisation de 1990, il quitte le MPR pour intégrer l’UFERI, puis l’UDPS (il a été membre de la Fédération de l’UDPS au Sud-Kivu), avant de quitter définitivement la politique (après sa participation à la Conférence Nationale Souveraine) et de se consacrer à lecture, sa passion de tout le temps.
Me Léon Mamboleo faisait partie des éminents avocats qui avaient toujours défendu la cause de la RD Congo auprès des instances juridiques internationales. En 1999, il était le Correspondant juridique principal de la RD Congo à l’Agence intergouvernementale de la Francophonie. Depuis l’année 2000, il avait pris sa retraite et vivait une vieillesse dorée entre Bukavu, Kinshasa, l’Europe et les Etats Unis (où vivent la plupart de ses 7 enfants). Il était membre de Lions Club Bukavu, revêtu de la qualité de « Lion à vie ».
En mars 2019, il revient en politique et parvient à se faire élire Sénateur de la Province du Sud-Kivu (pour le compte de l’Union pour la Nation Congolaise, UNC) et présidera d’ailleurs, en sa qualité de doyen des nouveaux Sénateurs élus, le bureau provisoire du Sénat de la République démocratique du Congo.