Agression rwandaise : un ex collaborateur de Kagame brise l’omerta sur les crimes de Kigali à l’Est de la RDC
Un ancien ambassadeur du Rwanda a fait des déclarations fracassantes sur l’implication de son pays dans la guerre qui ravage l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis plus de deux décennies. Dans une rare prise de parole, Jean-Marie Vianney, ex-représentant de Kigali en France, accuse l’armée rwandaise d’avoir commis des crimes de guerre et dénonce l’inaction de la communauté internationale.
Un ex-haut diplomate qui dénonce le régime Kagame
C’est une voix inattendue qui vient raviver le débat sur les responsabilités du Rwanda dans l’instabilité de la région des Grands Lacs. Jean-Marie Vianney, ancien ambassadeur du Rwanda en France, s’est exprimé sans détour sur le rôle de son pays dans les atrocités perpétrées en RDC.
> « Le Congo n’a jamais attaqué le Rwanda. Par contre, notre armée a détruit des millions de Congolais par des assassinats directs ou indirects », a-t-il déclaré.
Ces propos, d’une rare gravité, remettent en cause la version officielle de Kigali, qui justifie ses incursions militaires en RDC par des préoccupations sécuritaires liées à la présence des groupes armés hostiles au régime de Paul Kagame.
Le rapport Mapping toujours ignoré
Dans son intervention, l’ex-diplomate a également dénoncé l’enterrement du rapport Mapping des Nations unies, publié en 2010. Ce document accablant détaille les massacres, exactions et crimes commis en RDC entre 1993 et 2003, impliquant notamment l’armée rwandaise et ses alliés.
> « Il ne faut pas que la communauté internationale enterre ce rapport. Il contient des preuves irréfutables des atrocités commises en RDC », a-t-il martelé.
Jean-Marie Vianney met en cause la complaisance des puissances occidentales, notamment les États-Unis et la France, qui, selon lui, ont protégé le régime de Kigali en empêchant toute enquête internationale indépendante.
Vers une reconnaissance des crimes ?
Alors que les tensions entre Kinshasa et Kigali restent vives, ces déclarations interviennent dans un contexte où la RDC accuse ouvertement le Rwanda de soutenir la rébellion du M23, active dans l’Est du pays.
L’ancien diplomate rwandais plaide pour une reconnaissance officielle des crimes commis et un processus de justice internationale, à l’instar des appels répétés du Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, en faveur de la création d’un tribunal international.
> « Le gouvernement rwandais doit avoir le courage de reconnaître son rôle dans la guerre au Congo et demander pardon au peuple congolais », insiste-t-il.
Si ces révélations sont un tournant dans le discours diplomatique autour du conflit, elles posent une question fondamentale : la communauté internationale prendra-t-elle enfin ses responsabilités face aux violences qui ensanglantent l’Est congolais depuis près de trois décennies ?
Cedrick Katay Kalombo