est- ce important de négocier avec le M23 ??: Une option qui divise en RDC
La question d’un dialogue direct avec les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23) divise profondément la République démocratique du Congo (RDC). D’un côté, les chefs religieux catholiques et protestants plaident pour une approche inclusive, tandis que le président Félix Tshisekedi maintient une position ferme, refusant toute négociation avec ceux qu’il considère comme des « terroristes ».
Les leaders religieux prônent l’inclusion
Lors d’une rencontre le 3 février avec le président Tshisekedi, les représentants de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC) ont recommandé l’inclusion du M23 dans les discussions pour la paix. Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO, a déclaré : « Ce sont quand même nos compatriotes. On ne saura pas avoir la paix sans eux » .
La position intransigeante du gouvernement
Le président Tshisekedi, soutenu par son parti l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), rejette catégoriquement l’idée de négocier avec le M23, qu’il qualifie de « groupe terroriste » et accuse d’être un instrument du Rwanda. Il a récemment affirmé que « négocier avec un groupe terroriste comme le M23 est une ligne rouge que nous ne franchirons jamais » .
Appels internationaux au dialogue
La communauté internationale, notamment le Conseil de sécurité des Nations unies, exhorte au dialogue et à un cessez-le-feu immédiat. Une résolution récente appelle le Rwanda à retirer ses troupes de l’est de la RDC et à cesser tout soutien au M23, tout en demandant aux forces congolaises de mettre fin au soutien aux groupes armés tels que les FDLR .
Le M23 se dit ouvert aux pourparlers
Corneille Nangaa, leader de l’Alliance du fleuve Congo (AFC), bras politique du M23, a exprimé la volonté du mouvement de dialoguer directement avec le gouvernement. Lors d’une conférence de presse à Goma, il a déclaré : « Nous sommes ouverts au dialogue direct entre nous et le régime » .
Un pari risqué mais nécessaire ?
Engager des pourparlers directs avec le M23 comporte des risques politiques pour le président Tshisekedi, notamment en termes de légitimité et de perception publique. Cependant, refuser le dialogue pourrait prolonger le conflit et aggraver la situation humanitaire dans l’est du pays. Les chefs religieux estiment qu’une approche inclusive est essentielle pour une paix durable, bien que des questions subsistent quant à la manière de dialoguer sans légitimer un mouvement armé responsable d’exactions.
Alors que les tensions persistent, la RDC se trouve à la croisée des chemins : privilégier une solution militaire ou opter pour un dialogue inclusif susceptible de ramener la paix dans les régions dévastées de l’est.
Cedrick Katay Kalombo