RDC: la médiation des religieux, dernier rempart avant l’impasse politique ?
Alors que la République Démocratique du Congo traverse une crise multidimensionnelle, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) tentent de jouer les arbitres. Après une rencontre avec le président Félix Tshisekedi le 3 février 2025, ces leaders religieux ont échangé, dès le lendemain, avec l’opposant Martin Fayulu, relançant ainsi les spéculations sur un possible dialogue national.
Mais cette initiative des pères spirituels peut-elle réellement désamorcer les tensions et ouvrir la voie à une solution durable ? Ou assiste-t-on à une énième tentative de médiation vouée à l’échec face à des positions politiques de plus en plus rigides ?
Une Initiative de la Dernière Chance ?
L’idée d’un forum national visant à réunir les différentes sensibilités politiques du pays semble séduisante en théorie. Elle permettrait de discuter des défis majeurs, notamment l’insécurité persistante à l’Est et la nécessité d’unir la nation face aux menaces extérieures.
Cependant, plusieurs obstacles majeurs se dressent sur la route de cette médiation :
1. Un climat de méfiance généralisé : L’histoire politique récente du pays a été marquée par des dialogues politiques qui, souvent, n’ont profité qu’à certains acteurs sans résoudre les crises sous-jacentes.
2. Des intérêts divergents : Si le pouvoir en place et l’opposition acceptent de dialoguer, le feront-ils dans un esprit de compromis ou dans une logique de repositionnement stratégique en vue des prochaines échéances électorales ?
3. L’absence d’un cadre clair : Pour l’instant, les contours de ce forum restent flous. Qui en fixera les règles ? Qui y participera réellement ? Quels seront les engagements concrets à en tirer ?
Le Rôle des Religieux : Médiateurs ou Spectateurs ?
La CENCO et l’ECC ont, par le passé, joué un rôle de contre-pouvoir moral, notamment lors des élections de 2018. Leur implication a souvent été perçue comme une tentative d’équilibrer les forces en présence.
Mais aujourd’hui, la question est de savoir si leur mission de médiation est encore efficace dans un contexte où les divergences politiques semblent insurmontables. Leur neutralité pourrait être remise en cause si l’un des camps estime qu’ils favorisent une partie au détriment de l’autre.
Vers une Impasse ou un Nouveau Départ ?
Si cette médiation réussit, elle pourrait offrir une véritable opportunité de stabilisation politique et de renforcement de l’unité nationale. En revanche, si elle échoue, la RDC risque de plonger davantage dans l’incertitude, avec des conséquences imprévisibles sur le plan sécuritaire et institutionnel.
Tout dépendra donc de la volonté réelle des acteurs politiques de transcender leurs intérêts personnels pour privilégier l’intérêt national. Les pères spirituels parviendront-ils à briser le cycle de défiance qui paralyse le pays ? Les prochaines semaines seront décisives.
Francis Luende